XV Annexe


Bon usage

Grâce au 1er chiffre devant chaque mot, numéro minéralogique de chaque département, 18 = Cher, etc., ce dictionnaire fait apparaître les mots propres à chaque ensemble de culture : champtier en Beauce, clos dans la vallée de la Loire, etc.
Ce qui est commun à chaque nom.
Nom. Nom commun, masculin ou féminin, nom propre : n. m., n. f. Date. Variante le cas échéant. Origine. Sens du mot. S’il y a lieu : synonyme, homonyme.
Le nom provient du cadastre, de la carte de Cassini dont les variantes reproduisent la prononciation indigène, des actes notariés, judiciaires et administratifs, des chartes. Quelques études originales publiées sont prises en compte, plus particulièrement pour le Loiret, les originaux ayant brûlé.
La date, l’origine et le sens proviennent :
- des toponymes de la Région Centre ou d’autres régions. La date est indiquée dans le corps du texte des exemples, dans son ordre chronologique.
- des actes notariés et judiciaires qui donnent des équivalences de sens. La date est mise dans le corps du texte, dans son ordre chronologique.
- du dictionnaire de l’Ancienne Langue Française et de tous ses dialectes de Frédéric Eugène Godeffroy. La date est mise en vedette, sans indication d’origine.
- du FEW : Walther von Wartburg, Französisches Etymologisches Wörterbuch. La date est mise en vedette, sans indication d’origine.
 - de la carte de Cassini, systématiquement indiqué XVIIIe s. Pour plus de détail, voir la date de 1re publication des feuilles.
Les travaux réalisés par les militaires après le transfert de la carte de Cassini au dépôt de la Guerre en 1793 se poursuivirent jusqu’en 1830 ; les principales modifications portées sur les cuivres, entre 1803 et 1812, concernent les voies de communication. Ces modifications sont ignorées dans ce dictionnaire.
Chaque exemple est référencé, moins pour paraître sérieux que pour favoriser le dialogue : chaque lecteur peut contrôler la source, la discuter, augmenter les exemples.
Pour conclure.
Les sources de la toponymie appartiennent à la langue des clercs, qui traduit et encadre la langue parlée des utilisateurs.
La recherche de la variante la plus ancienne du toponyme devrait prendre plusieurs décennies.
Lorsque le nom est pauvrement seul, il s’agit d’une impuissance. Hapax, pas de variantes trouvées, absence dans tout dictionnaire connu, les raisons sont multiples. Ce dictionnaire reste donc ouvert aux travaux ultérieurs pour une version corrigée et augmentée.

Abréviations.

18 : département du Cher.
28 : département d’Eure-et-Loir.
36 : département de l’Indre.
37 : département d’Indre-et-Loire.
41 : département de Loir-et-Cher.
45 : département du Loiret.

A.C. : archives communales.
A.D. : archives départementales.
A.N. : archives nationales.
B.M. : bibliothèque municipale.
B.N. : bibliothèque nationale de France.
S.H.A. : Service Historique des Armées.

adj. : adjectif.
f : féminin
m. : masculin.
Ms : manuscrit.
n. : nom.

FEW : Walther von Wartburg, Französisches Etymologisches Wörterbuch, Leipzig, Tübingen, Bâle, 1922-1987.

Ordre de classement.

Classement alphabétique par nom.

Voies.
Les voies urbaines se trouvent sous leur nom propre.
Cul-de-sac, escalier, impasse, place et rue. Exemple : rue Jean-Jaurès se trouve classé à Jean-Jaurès.
Les voies rurales et urbaines se trouvent sous le nom de la voie.
Allée, avenue, boulevard, carroi, carrefour, chemin, cour, cours, degré, esplanade, mail, passage, promenade, quai, rampe, rond-point, route, ruelle, sentier, square, venelle, voie. Exemple : allée Jean-Jaurès se trouve classé à allée Jean-Jaurès.

Monuments.
Les monuments urbains se trouvent sous leur nom propre.
Abbaye, chapelle, château, couvent, église, maison religieuse, prieuré. Exemple : château d’Escorpain se trouve classé à château d’Escorpain ; maison de l’Oratoire à maison de l’Oratoire.
Les monuments ruraux se trouvent sous leur nom propre.
Château, domaine, manoir. Exemple : château de Rougemont se trouve classé à Rougemont.

Philologie

I Règles de philologie.

Dans les langues qui se déclinent, le mot a le plus souvent pour origine l’accusatif dit cas régime ou complément d’objet direct.

1 Nominatif et accusatif.

Jusqu'au XIVe s. le français possédait un nominatif ou sujet, et un accusatif ou complément d’objet direct. A quelques exceptions près, l’accusatif donne naissance aux noms français.
Les déclinaisons latines présentaient un -s à l'accusatif pluriel des noms féminins et masculins. Ce -s devint la marque du pluriel en français soit par étymologie, soit par analogie dans le cas des noms d'origine non latines ou tirés d'un neutre.
Nominatif singulier latin : murus. Nominatif ou sujet singulier français : li murs.
Nominatif pluriel latin : muri. Nominatif ou sujet pluriel français : le mur.
Accusatif singulier latin : murum. Accusatif singulier français : le mur.
Accusatif pluriel latin : muros. Accusatif pluriel français : les murs.

La phrase li cuens les barons voit signifie : le comte voit les barons.
Mais li baron le conte voient  signifie : les barons voient le comte.

Des noms suivirent une alternance vocalique du fait de la place variable de l'accent : sur la 1e syllabe au nominatif, sur la 2de  à l’accusatif.
Il exista donc des formes doubles. Exemple : le français enfes provient du latin infans et enfant de infantem.
Certaines de ces formes ont survécu en français moderne.

Noms issus du nominatif et de l’accusatif latin.

Exemple :

nominatif latin

forme tirée du nominatif

accusatif latin

forme tirée de l’accusatif

cantor

chantre

cantorem

chanteur

francique wrakjo =
vagabond

gars

wrakkjone latinisé en waracionem

garçon

major

maire 

majorem

majeur, adjectif, puis nom

Latin ecclésiastique. nonna

nonne

nonnam

nonnain

homo

on, pronom indéfini 

hominem

homme

pastor

pâtre

pastorem

pasteur

putidus = puant

pute

putidam

putain

senior

sire 

seniorem

sieur, seigneur 

Certains de ces termes se spécialisèrent dans une fonction, chantre, maire, pasteur, qui devinrent aussi des noms de personne, d'autres appartiennent très vite à un registre familier, nonnain, gars, ou poétique, pâtre.
Le doublet sire-sieur ressort de ces 2 aspects : le terme sieur était péjoratif, le mot sire était utilisé comme apostrophe pour un seigneur.

Préférence du nominatif latin.

Exemple :
 


Nominatif

Accusatif

Filius = fils.

L’accusatif fil tendait à se confondre phonétiquement avec le féminin fille. La prononciation régionale fi conserve la forme de l’accusatif. 

Presbyterus =
prêtre.

L’accusatif était provoire. Prêtre est de formation savante.

Soror = sœur.

La forme la plus brève fut préférée, notamment pour apostropher une personne. L’accusatif singulier était sereur.

Traditor = traître.

L’accusatif aboutit régulièrement à traiteur, qui pouvait se confondre avec son homonyme issu de traiter = négocier, guider.

Le nominatif s'est surtout conservé dans des prénoms où il est purement graphique. Les formes sans -s de ces mêmes noms sont les variantes, à l'accusatif. Ainsi Charles, Georges, Hugues, Jacques, Jules, Yves.
Dans d'autres noms propres, le nominatif est sans -s : Berthe, Ève, Hugo, Lazare.

Pour les toponymes, il existe 3 origines distinctes du -s final :
– Le -s appartient au radical du nom ou est une déformation d'un autre phonème.
– Le -s provient d'un ancien ablatif latin comme pour un nom de peuple gaulois.
– Le -s provient d’un ancien accusatif latin étymologique : Douvres,  commune des Hermites, de Dobras.

2 Sourde et sonore.

Sourde

p

f

t

s

k ou c

sonore

b

v

d

z

g

Sonorisation de la consonne sourde intervocalique : ato aboutit régulièrement à ado.
Chute de la consonne sonore intervocalique : ado aboutit régulièrement à ao.

3 Palatalisation.

l + i consonne = y > lh. Ex : ll, de li : Avrilion, Avrilhon, Avrillon.
n + i consonne = y > nh. Ex : gn, de ni : Aminiacus, Amigny.
d + i consonne = y > dj = j.
g + i consonne = y > gj = j. Ex : Josnes. Geona. Ge devint gi, avec un i semi-consonne ; d’où la palatalisation gj = j.
v + i consonne = y > dj = j.

4 Métathèse.
Caniacus aboutit régulièrement à Chagnay ; par métathèse = Cainacus à Chainay.

5 Assimilation.
Réduction de 2 nasales en une seule : onum donne on.
La consonne g suivi de la voyelle a se change en g doux ou en j.

6 Rhotacisme.
Le s doux ou le z se change en r.

7 Sigmatisme.
Le r se change en s doux ou en z.

8 Divers.
Le s tombe devant les consonnes sonores au XIe s.
Agglutination : l’article défini ou la préposition de devient partie intégrante du nom : de par dieu aboutit à Depardieu.
Aphérèse : suppression de la 1re syllabe.
Chuintement : c donne ch.
Changement fréquent dans la région du Val de Loire
 - du o tonique suivi d’une nasale en a : aon devient an.
 - du e en a : Ézerville se prononce Ézarville.
 - du r en l devant le p et le b : Proustière devient Ploutière.

9 Terminaison.
é, ai, ay. Correspond à la finale latine i-acum, et indique la propriété.
y. Correspond à la finale latine acum, et indique la propriété.
on. Correspond à la finale latine onem, et indique la propriété.

10 Ville.
En préfixe ou en suffixe, ville correspond au latin villa, et indique le domaine rural.

11 La mouillure du n et du l apparaissent peu dans l’écriture : Allaines, Eure-et-Loir, pour Alaigne ou Alagne ; Cuny, Loiret, pour Cugny ; Cheverny, Loir-et-Cher, pour Chevergny, Sully, Loiret, pour Seuilly.

12 Accentuation.
La voyelle non accentuée s’ouvre suivant 2 directions : i en e et u en o.
Le i tonique peut diphtonguer et donner ei ; le o tonique ou.

II Vocabulaire.

Agglutination. Addition, par fausse perception, d’un élément à l’initiale du nom.
Anthroponymie. Science des noms de personnes.
Aphérèse. Amputation de l’initiale du nom. Synonyme de déglutination. : Lessay devient L’Essay, l’Échellerie devient la Scellerie.
Dimnutif. Forme familière altérée, par abréviation, dérivation, etc.
Matronyme. Nom de famille transmis par la mère.
Onomastique. Science des noms de lieux et de personnes.
Patronyme. Nom de famille transmis par le père.
Régression. Retour à la prononciation transformée dans l’usage populaire. Sous l’influence des clercs, la prononciation primitive est remise en valeur.
Toponymie. Science des noms de lieux.

III Règles de transcription.

Le passage du manuscrit à l’imprimé est une opération aussi critiquable que complexe ; toute transcription littérale est impossible. Les choix suivis dans l’ouvrage ont un but : rendre la complexité du texte manuscrit lisible.
Apparition des signes typographiques, inconnus des manuscrits.
Vers 1530, Geoffroy Tory, écrivain, graveur et imprimeur, introduisit la cédille, l’apostrophe et les accents. Ces 3 signes typographiques sont systématiquement introduits dans les textes antérieurs.
En 1580, Louis Elzévier, imprimeur hollandais, fonda à Lille, alors ville des Pays-Bas espagnols, une maison d’édition ; il établit définitivement la distinction entre le i et le j, et entre le u et le v. Cette distinction est systématiquement introduite dans les textes antérieurs.
La ponctuation a été établie pour une meilleure compréhension du texte.
L’initiale des noms propres de personnes et de lieux ont une majuscule, y compris l’article. Ex : La Thaumassière, historien de Berry ; La Celle, commune du Cher.

IV Suffixes.

Suffixe à valeur collective.
As. Variante : At. Latin aceum.
Ai, ei, oi, et. Latin etum.
Aie, ée. Latin eta. Neutre pluriel de etum pris pour un féminin singulier.
Latin aticus.
Latin aricium.
Erie, ière. Latin aria.
Suffixe augmentatif.
Suffixe diminutif.
Ellus, inus, ulus.
Inus, ina servait à former des adjectifs indiquant l’appartenance.
Onius, onia aboutit à oin, ogne ou oigne
At.
Et.
Eille, ille. Latin icula
Ot.
Suffixe servant à former les adjectifs.
Eux. Latin osus.
Euse. Latin osa.
Synonyme péjoratif.
Âtre. Latin aster.
Ard.
Us. Latin ucius.
Uche, Usse. Latin ucia.
Suffixe d’état.
Eur, féminin eresse.
Ier. Latin arius.
Suffixe ethnique.
Anus
Suffixe diminutif de nom
Alis, ilis, variantes : alius, ilius ; idius, edius qui aboutissent à eius.
Suffixe
atius, itius, et leurs variantes acius, icius, ou asius, isius.
Finale erius, irius.
Finale antius, entius dégagées de participe présent en ans, ens. Laurens, Laurentius.